lundi 1 juin 2015

Paléographie : La lettre "e"

Un des aspects les plus déroutants quand on s'attaque à la compréhension d'un vieux texte, c'est qu'il faut accepter d'abandonner beaucoup de choses que l'on tenait pour acquises sur l'écriture, depuis le Cours Préparatoire.


Prenons le cas simple de la lettre "e" qui a toujours existé, depuis les temps anciens, étant héritée de l'alphabet latin :

"e" en forme moderne









Depuis le Moyen-Âge et jusqu'au XVIIème siècle, un "e" s'écrivait comme "un jambage suivi d'une aigrette" :


"e" au XVIème
et  XVIIème siècles


Si si ...

Il ne faut pas considérer l'"aigrette" comme un accent grave placé au dessus du "jambage" et destinée à en infléchir la prononciation : "jambage et aigrette" constituent solidairement la graphie d'un "e".
D'ailleurs le système des accents n'existe pas encore, il ne sera inventé, avec la ponctuation, qu'au cours du XVIIème siècle, lors de la fixation des règles orthographiques.



En voici un exemple dans le simple article défini "le" très peu lisible sans réflexion :
"Le" au XVIIème
Ne pas lire "lo", ni "Po" a fortiori, comme on en est tenté lors du premier balayage par les yeux, même si le scribe a lié le jambage et l'aigrette du "e", en ne relevant pas son calame ou sa plume dans son écriture "cursive", et faisant ressembler de ce fait la graphie du "e" à un "o" mal refermé.


Et voici comment on écrivait "J'ayme la marguerite" dans un poême de 1540 :



"J'ayme la marquerite"









Ne pas lire non plus "Gachot" dans cet acte de 1698, à propos de notre ancêtre François Gachet :



Je ferai plus tard un article sur le "t" final, qui ne dépasse pas de la ligne d'écriture, mais qu'il ne faut pas lire en "r" néanmoins ...