dimanche 29 novembre 2015

Mal à la France

Cette tribune est de Magyd Cherfi.

Initialement publiée sur sa page Facebook,
puis reprise par différents médias (dont Respect mag), elle nous raconte comment la tragédie du 13 novembre a paradoxalement affermi sa fierté d’être français.
Un récit intime, poignant.

Magyd Cherfi est musicien, membre du groupe Zebda.
Il a publié, en 2004, « Livret de famille », un récit sur le sentiment d’appartenance vis-à-vis de la France.



Il y a des jours comme ça où on aime la France, où on a envie de chanter la Marseillaise, envie d’être tricolore comme un supporter insupportable. Il y a des jours où on se reproche de ne pas être assez français. Des jours où on voudrait s’appeler Dupont quand on s’appelle Magyd. Suis-je toqué ? Suis-je choqué ? Oui je laisse se répandre la douleur en mon cœur et reposer ma tête percutée de plein fouet.
C’était un carnage et c’est mon jour de baptême, je deviens solennellement français, c’est dit. Je promets devant le fronton des mairies d’aimer la France pour le pire et le meilleur, de la protéger, de la chérir jusqu’au dernier souffle. Suis-je sonné ? Miné ?
Je nais.
Il y a des jours comme ça où même anar on porte un drapeau parce que c’est tout ce qui reste à brandir après l’embrasement et il est bleu blanc rouge. Il y a des jours où on aime ce pays même quand il a tort, même quand il se trompe parce qu’il est nous jusque dans les entrailles.


Des jours comme ça où on aime ce pays, ses hameaux, ses villages, ses monuments aux morts. Des jours où on regrette de pas la ménager la vieille dame aux quatre cents fromages.
Des jours où on préfère la justice à sa propre mère, des jours où on est à l’envers. Des jours qui dépassent nos propres idéaux de liberté, d’égalité, de fraternité. Des jours plus forts que la vie et c’est des jours de mort.
C’est vrai, des jours comme ça où on reprocherait à Renaud, Ferré, Brassens d’avoir aimé que la France et pas assez la patrie. Des jours où on voudrait être patriote sans qu’un danger nous guette. Avant le sang, avant le feu.

On devrait avoir envie de sauver la France avant les signaux d’alerte, avant que la mort ne vienne exhaler son odeur dégueulasse. Allez ! Prenons les armes et sauvons ce trésor qui est la république et même la nation. Il y a des jours comme ça où on est de droite, de gauche, de tous les bords tant qu’ils respectent le droit de pas être d’accord. On envie ce pays d’autant tolérer d’avis contraires, d’idées extrêmes et nauséabondes.


Des jours comme ça où on mesure l’état de droit, la liberté, le combat pour la laïcité qu’elle que soit sa maladresse. D’assumer les débats foireux de l’identité nationale, de dire oui à la France quelle qu’elle soit, de tout assumer, Pétain et Jean Moulin, le lâche et le héros, l’orfèvre et le bourrin, l’étroit comme l’iconoclaste ? Des jours où Finkielkraut est un enfant de cœur, où le front national n’est qu’un adversaire de jeu.


Il y a des jours à lire Houellebecq pas pour ce qu’il écrit mais parce qu’il a peur ! Des jours à écouter Zemmour, Morano et Delon et la cohorte des dépités parce qu’ils perdent la boule. Des jours comme ça où on veut s’acheter deux sapins, un pour la tradition, l’autre pour l’effort de porter ce pays qui essaie en trois mots de nous faire une place.
Des jours où on veut manger des crêpes à mardi gras et à Pâques du chocolat.



Des jours où même noir ou même musulman, on veut bien que nos ancêtres soient gaulois.
Des jours comme ça où on s’incline devant la tombe du soldat inconnu, où on rechigne pas à la minute de silence. Des jours de fleurs pour tous les «morts pour la patrie» et qu’ils le soient au front ou à l’arrière-salle d’un restaurant. Des jours où on choisit son camp parce qu’il n’y en a pas d’autres.



Des jours où on applaudit à tout rompre les uniformes, tous les gardiens de la paix, les paras et les flics. Ce jour-là on aime les Français quels qu’ils soient. Des jours, mais il y en aura d’autres.


Prière pour la République

J'entendais l'autre jour la prière à la République, que disent les Juifs à la fin de l'office du Shabbat, depuis l'époque Napoléon :

Éternel, Maître du monde, Ta providence embrasse les cieux et la terre ;
La force et la puissance T’appartiennent ; par Toi seul, tout s'élève et s'affermit.
De Ta demeure sainte, ô Seigneur, bénis et protège la République française et le peuple français.

Amen.
Regarde avec bienveillance depuis Ta demeure sainte, notre pays, la République française et bénis le peuple français.

Amen.
Que la France vive heureuse et prospère. Qu'elle soit forte et grande par l'union et la concorde. Amen.
Que les rayons de Ta lumière éclairent ceux qui président aux destinées de l’État et font régner l’ordre et la justice.

Amen.
Que la France jouisse d’une paix durable et conserve son rang glorieux au milieu des nations. Amen.
Accueille favorablement nos vœux et que les paroles de nos lèvres et les sentiments de notre cœur trouvent grâce devant Toi, ô Seigneur, notre créateur et notre libérateur.
Amen.

Que l’Éternel accorde sa protection et sa bénédiction pour nos soldats qui s’engagent partout dans le monde pour défendre la France et ses valeurs. Les forces morales, le courage et la ténacité qui les animent sont notre honneur.
Amen.

Mon Dieu, que cette parole est belle, et combien les circonstances lui donnent du sens.

Il ya juste "le rang glorieux au milieu des nations" qui est un peu suranné, mais tout le reste n'a pas pris une ride.



vendredi 27 novembre 2015

Flag's day

      Je me décide enfin à écrire sur l'indicible. Je viens de me rendre compte en effet que le drapeau de la république française flottait en haut à gauche de l'enveloppe que je viens de mettre à la boite aux lettres. Cette enveloppe renfermait l'amende forfaitaire dûment payée pour un défaut de stop, PV contracté le 11 novembre dernier, autre jour de drapeaux, pour un défaut de stop presque imaginaire (ou imaginé) entre deux minuscules routes départementales où ne se croisent jamais personne... Où étaient donc les gendarmes ce 11 novembre dernier ? Bien installés dans le brouillard matinal, cachés derrière un platane, au creux de la campagne endormie, veillant à ce que la gomme de mon pneu s'attarde suffisamment devant la ligne blanche. Stop glissé, pris en flag... 
     Non, bien sûr, ce n'est pas là l'indicible. Jeudi 12 novembre, dans la cour d'honneur de notre lycée, flottent 7 bannières tricolores. Anciens combattants, anciens résistants, anciens élèves, élèves et professeurs sont rassemblés autour du monument aux morts. Trois gerbes sont amenées en toute solennité. Le témoignage émouvant d'un soldat revenant du front en 1917, croisant les nouveaux conscrits sur le quai d'une gare en Champagne et se sentant plus vieux qu'eux de mille ans est lu à l'assemblée des présents. Une jeune élève déclame ensuite le vibrant poème d'Aragon, la Rose et le Réséda, à la mémoire de ceux, morts aux combats, qui croyaient au ciel ou n'y croyaient pas, assemblés malgré eux pour l'éternité dans la fosse commune de l'histoire. La liste de nos morts en 1914 est ensuite égrenée en ce mois de novembre funeste et nos chers compatriotes honorés par une marseillaise scandée au clairon et tambour militaire. 
     Ce n'est pas là encore l'indicible, ou seulement celui d'une autre époque, enfer déjà lointain relaté de fort belle manière et relayé par les orateurs d'un jour. Comment parler de l'indicible d'aujourd'hui ? Je ne le peux décidément pas encore. Pourtant le drapeau qui flotte encore à l'entrée de notre lycée et sur le monument aux morts de notre cour d'honneur est sans doute aussi pour l'un des 130 tués le lendemain 13 novembre. Il se trouvait avec sa compagne au Bataclan et a été fauché avec elle. Il était le frère de Mathieu, mon collègue professeur d'histoire dans ce lycée de France.

 

jeudi 26 novembre 2015

Un soldat est tombé

Alexis Guarato, Sergent Chef de l'armée de l'air, est mort de ses blessures, reçues au Mali.

Il était qualifié Commando Parachutiste, membre des Forces Spéciales, attaché au groupe action du Commando n° 10 (BA 123 d'Orléans).

Chaque mot de cette phrase est un condensé de valeur militaire, et les quelques hommes qui les portent sont l'honneur de la France.


mardi 24 novembre 2015

New shepherd

Une vidéo impressionnante sur le new shepherd de Jeff Bezos, qui a réussi pour la première fois à faire une réutilisation de son étage de propulsion :



Je ne sais pas pourquoi, mais ils m'émeuvent quand même ces Américains, quand ils disent in a casual tone "we made history today".


jeudi 19 novembre 2015

J'adore : The Sinful Nation of France

Il faut absolument écouter le délire sur la France "wicked country", "sinful nation", délivré par ce pasteur Baptiste américain, suite aux attentats. 

Un régal :



Mention spéciale pour la référence à l'ancien Maire de Paris "openly sodomite".

Ca vous réconcilie avec la bêtise humaine.

En même temps, j'ai quand même de l'admiration pour la liberté de parole absolue prévue par la constitution américaine. 

Commencer à la minute 8:50, après lui avoir laissé un peu de temps pour s'échauffer ...

Complément le 24/11/2015 :

Vous pouvez aussi aller lire le père Hervé Benoit, sur le site Riposte (ultras catholiques) :
130 morts, c’est affreux ! Et 600 morts, c’est quoi ? C’est le chiffre des avortements en France le même jour. Où est l’horreur, la vraie ?

Faire des amalgames, c'est le moyen le plus simple de ne rien expliquer.



samedi 14 novembre 2015

Paris martyrisé

Je tente une analyse sans doute bien trop précoce d'une situation terrible.
Mais c'est ainsi que je le vois, au matin d'un drame absolu.

En s'attaquant aux communautés les plus bénignes et les plus hétérogènes de notre pays, les amateurs de Heavy Metal, les buveurs de bière du vendredi soir, et les footeux du Stade de France, les tarés du monde déclarent officiellement la guerre à la France et à tous les français.

Au moins l'horreur a le mérite de la clarté.
Aussi blafarde soit cette clarté de Novembre.

Ce n'est pas une guerre de civilisation, comme les attaques antérieures contre les Juifs, les militaires ou les journalistes me l'avaient fait croire faussement.

C'est simplement une attaque contre la France dans toute sa merveilleuse hétérogénéité, son entropie détestable, sa tolérance réticente, son bordel ambiant.

Et ca, je suis certain que l'on va savoir le gérer.

Je n'ai pas de doute en fait.




Mon Dieu,

Protégez la France, et donnez la force à ceux qui nous gouvernent.

lundi 9 novembre 2015

Le marketing ridicule d'Evian

Mon adresse Mail s'est retrouvée involontairement sur la liste de diffusion du service du Marketing d'Evian, qui me fait donc bénéficier de ses offres VIP, et de sa fameuse "Edition limitée 2016 !".

Si, si ...

Et donc je reçois ça :




Le point d'exclamation "!", derrière "Edition limitée 2016", incarne à lui tout seul toute la joie pétillante et innovante de tous ces créateurs probablement grassement rémunérés.

Je préférerais néanmoins que "le créateur" Alexander Wang, qui a su, par un processus de création courageux et novateur, remplacer la capsule originelle de la bouteille d'Evian par le bouchon à vis de la bouteille de Perrier, n'abuse pas ce haut fait d'arme pour "s'inviter à ma table".

Je me suis désabonné, sacrifiant ainsi mon statut de VIP de l'eau plate.


samedi 7 novembre 2015

La fin d'une époque

Le Président Obama a pris la décision hier 6 Novembre, à 18h00, d'interdire la construction du pipeline KeyStone.

Ce Pipeline devait relier les schistes bitumineux de l'Alberta canadien avec les grands centres de consommation américains (Chicago, les Grands Lacs et le Midwest).

Cette décision marque vraiment un tournant dans les rapports de force entre les producteurs d'énergie fossile et les opinions publiques.

Si les motivations des compagnies pétrolières sont claires et simples ("Si le prix de revient du baril livré est inférieur d'un cent au prix de vente, il faut extraire ce baril marginal"), les opinions publiques sont a contrario déchirées entre des enjeux contradictoires :

  • Toucher la paie des jobs générés par la construction de ce pipeline,
  • pouvoir disposer d'une énergie abondante et bon marché,
  • accessoirement toucher les dividendes de son actionnariat dans le pétrole.
  • ... et préserver une Terre respirable


En première approche, ce pipeline faisait donc sens, pour éviter que le pétrole à transporter ne le soit dans des camions ou des trains. On peut même dire que le bilan écologique marginal de cette infrastructure aurait été positif, à ce titre.

Mais en regardant plus loin, ce pipeline aurait surtout rendu économiquement rentables (et donc désirables) des forages et des extractions additionnels de schiste bitumineux, or ce schiste bitumineux est une véritable catastrophe écologique.

Et c'est là que nous avons véritablement passé un cap de maturité.
L'âge de pierre ne s'est pas arrêté faute de pierres ; il faut que l'âge des énergies fossiles s'arrête, non pas faute d'énergies fossiles à extraire, mais faute de droit à extraire et à brûler ce qui reste.

Et l'impact de cette décision, dans les mois à venir, pourrait être terrible sur les compagnies pétrolières, en tous cas pour celles se spécialisant dans les produits fossiles exotiques : En effet leur valorisation boursière est essentiellement fondée sur la quantité de leurs réserves prouvées et probables.

Or si demain les opinions publiques interdisent purement et simplement d'extraire ces réserves du sous-sol, ce sont des centaines de milliards de dollars de valorisation boursière brutalement effacées d'un trait de plume juridique.


J'allais dire "qui partent en fumée". 
Ben non justement ...


lundi 2 novembre 2015

Art thermonucléaire

Le Soleil filmé par la Nasa dans les fréquences ultra-violettes, et retranscrit en couleurs visibles.

Magnifique :



La France "est leader" toute seule

Je lis ce matin un article qui dit :


Je dirige un gros laboratoire au CNRS, qui s’occupe des textes et des manuscrits modernes. Nous sommes spécialisés depuis 1982 dans l’étude des traces de la création. C’est une discipline où la France est leader.

Il existe quand même en France une propension à dévaloriser le travail, implicitement et sans doute involontairement, en survalorisant ses propres passions.

Du coup, on crée un "gros" laboratoire du CNRS pour faire des recherches sur des thèmes qui sont considérés comme des hobbies de week-end dans les autres pays.


Et les chercheurs de ces laboratoires, dont le salaire tombe régulièrement depuis 35 ans (une vie professionnelle), et qui sont globalement sans concurrence dans leur domaine, font de la France un "leader", avec fierté. 

Ce ne serait pas grave, si les enfants recevaient tous l'argent requis pour leur éducation, et les provinces éloignées tout l'argent nécessaire pour se soigner.