L'accord du participe passé à la forme pronominale est la difficulté ultime en grammaire française. On doit en effet écrire : "les secondes se sont succédé".
Si si …
En effet, le participe passé des verbes pronominaux suit une règle très particulière, différente de l'accord simple avec l'auxiliaire être, proche en fait de celle avec auxiliaire avoir.
3 cas sont donc à distinguer, selon la présence ou l'absence d'un Complément d'Objet.
A) Verbes pronominaux de sens passif sans Complément d'Objet
Règle : Ils s'accordent avec le sujet.
- nous nous sommes méfiés (verbe essentiellement pronominal)
- la guitare s'est vendue facilement (verbe de sens passif)
- Elles se sont aperçues du problème (verbe de sens neutre)
- Ils se sont enfuis
B) Verbes de sens réfléchi et de sens réciproque
Règle : Bizarrement, l'accord se fait comme si le verbe était conjugué avec l'auxiliaire avoir :
- ils se sont habillés (sens réfléchi)
- nous nous sommes rencontrés (sens réciproque)
- voici les vêtements qu'il s'est achetés.
Mais :
- ils se sont acheté des vêtements.
- ils se sont plu (verbe intransitif, pas d'accord)
- les secondes se sont succédé (verbe intransitif, pas d'accord )
C) Verbes pronominaux suivis d'un infinitif
Règle : On accorde seulement si le COD fait l'action exprimée par l'infinitif
- Nous nous sommes entendus chanter à la radio (C'est "nous" qui chantons donc "s")
- Nous nous sommes vu féliciter par le moniteur (C'est le "moniteur" qui félicite donc pas d'"s")
Ouaouh ...
vendredi 31 août 2018
mercredi 22 août 2018
Les métiers à disparaitre
Je recommande aux jeunes de lire cette courte étude sur les métiers que la technologie va supprimer.
Elle est intelligente et assez éclairante, bien que polluée par une vision très BD de ce qu'est un robot dans le monde du travail :
J'aime en tous cas sa constatation sympathique :
Comme le prévoyait Keynes dès le 19ème siècle, les jobs les plus menacés par l'automatisation sont les plus pénibles et les plus aliénants.
Je ne suis pas d'accord en revanche avec une des conclusions partielles :
La hausse des salaires, concomitante à la hausse de la productivité, n'est pas un facteur secondaire d'accélération de l'automatisation.
Elle est intelligente et assez éclairante, bien que polluée par une vision très BD de ce qu'est un robot dans le monde du travail :
J'aime en tous cas sa constatation sympathique :
Comme le prévoyait Keynes dès le 19ème siècle, les jobs les plus menacés par l'automatisation sont les plus pénibles et les plus aliénants.
Je ne suis pas d'accord en revanche avec une des conclusions partielles :
La hausse des salaires, concomitante à la hausse de la productivité, n'est pas un facteur secondaire d'accélération de l'automatisation.
En effet les entreprises ne réagissent pas au niveau absolu des salaires, mais seulement à la différence entre le salaire payé et la production permise par ce salaire, autrement dit la valeur ajoutée du travailleur.
lundi 20 août 2018
Shiboleth
Jephté a été un Juge d'Israël pendant 6 ans, c'est à dire un dirigeant politique d'Israël aux origines, après l'exode mais avant la période dynastique.
Il a notamment conduit des guerres intestines entre certaines des tribus d'Israël, guerres dont les significations historique et religieuse sont confuses, même pour les exégètes.
Ainsi, à un moment "Galaad" (qui est un groupe d'hommes issu des 2 tribus d'Ephraïm et de Manassé, et dont la terre d'appartenance se trouvait sur la rive est du Jourdain) s'est trouvé en conflit avec le reste de la tribu d'Ephraïm.
Et le Livre des Juges rapporte à ce propos (Chapitre 12, verset 4):
Galaad s'empara des gués du Jourdain du côté d'Ephraïm.
Ils lui disaient alors: "Eh bien, dis: Schibboleth."
On ne sait plus aujourd'hui ce que "Shiboleth" signifiait à l'époque : Quand le mot apparait dans la Torah, il prend des significations différentes (torrent, courant d'eau ou bien branche, rameau, épi).
Mais les rabbins se souviennent que les Ephraïmites prononçaient la chuintante "Schin" comme un "Sin".
Et que ça les a perdus ...
Il a notamment conduit des guerres intestines entre certaines des tribus d'Israël, guerres dont les significations historique et religieuse sont confuses, même pour les exégètes.
Ainsi, à un moment "Galaad" (qui est un groupe d'hommes issu des 2 tribus d'Ephraïm et de Manassé, et dont la terre d'appartenance se trouvait sur la rive est du Jourdain) s'est trouvé en conflit avec le reste de la tribu d'Ephraïm.
Et le Livre des Juges rapporte à ce propos (Chapitre 12, verset 4):
Jephté rassembla tous les hommes de Galaad, et livra bataille à Ephraïm.
Les hommes de Galaad battirent ceux d'Ephraïm.
[... 2 versets ensuite au sens douteux ...]
Les hommes de Galaad battirent ceux d'Ephraïm.
[... 2 versets ensuite au sens douteux ...]
Galaad s'empara des gués du Jourdain du côté d'Ephraïm.
Et quand l'un des fuyards d'Ephraïm disait: "Laissez-moi passer !", les hommes de Galaad lui demandaient: "Es-tu né d'Ephraïm ?"
Il répondait: "Non". Ils lui disaient alors: "Eh bien, dis: Schibboleth."
Et il disait: "Sibboleth" ne réussissant pas à bien prononcer.
Ils le saisissaient alors, et l'égorgeaient près des gués du Jourdain.
Il périt en ce temps-là quarante-deux mille hommes d'Ephraïm.
Il périt en ce temps-là quarante-deux mille hommes d'Ephraïm.
On ne sait plus aujourd'hui ce que "Shiboleth" signifiait à l'époque : Quand le mot apparait dans la Torah, il prend des significations différentes (torrent, courant d'eau ou bien branche, rameau, épi).
Mais les rabbins se souviennent que les Ephraïmites prononçaient la chuintante "Schin" comme un "Sin".
Et que ça les a perdus ...
C'est une des références les plus anciennes aux difficultés philologiques.
Et la démarche consistant à certifier l'appartenance d'une personne à un certain groupe par une astuce verbale, s'appelle encore de nos jours, une "Chibolette".
Et la démarche consistant à certifier l'appartenance d'une personne à un certain groupe par une astuce verbale, s'appelle encore de nos jours, une "Chibolette".
samedi 11 août 2018
Dodécaèdre celte
(Ajout du 29/09/2018 : Cet article est à lire en lien avec Carved Stones Balls)
On connait environ une centaine de ces Dodécaèdres (objet à 12 faces) de bronze, datés entre le 2ème et 4ème siècle de notre ère, mais dont on n'a aucune idée de la finalité ou de l'usage :
Ces dodécaèdres ont tous une taille de 3 à 10 cm, et pour l'essentiel sont creux, même si quelques exemplaires sont pleins.
Tous ont des faces pentagonales (et donc 20 sommets), et des petites boules en applique sur les sommets des faces.
Presque tous ont les faces perforées de trous circulaires ou ovoïdes.
Et les 12 trous d'un Dodécaèdre ne sont jamais identiques, toujours de tailles différentes.
Parfois toutefois, ces trous sont de tailles identiques ou proportionnelles sur 2 faces en opposition.
On a noté que les trous sont parfois en proportion avec les doigts humains. Mais pas toujours.
Et on ne sait pas du tout à quoi servaient ces Dodécaèdres …
Aucun texte d'époque ne les mentionne (même si la philosophie néo-platonicienne en vogue à cette époque, fait largement appel aux figures géométriques), ni a fortiori n'en d'écrit l'usage.
3 usages représentent les interprétations les plus plausibles :
Mais des arguments sont légitimement opposables à chacune de ces hypothèses :
De plus, on a trouvé ces Dodécaèdres dans les contextes archéologiques les plus variés :
D'ailleurs même l'appellation classique de "Dodécaèdre romain" est discutable.
En effet, on n'a pas trouvé ces Dodécaèdres dans tout le pourtour du bassin méditerranéen, c'est à dire sur l'ensemble de l'extension de l'empire romain à la période considérée. A contrario, on les a seulement trouvés dans le bassin de répartition des populations celtes d'Europe de l'Ouest (Angleterre, France, Pays-Bas, Belgique, Allemagne, Hongrie).
Pas un seul Dodécaèdre trouvé dans la présente Italie, par exemple.
Or on sait que la maitrise de la métallurgie était beaucoup plus grande chez les Celtes que chez les Romains. Et ces objets sont de véritables chef-d'oeuvres métallurgiques.
On suppose que la technique de fabrication consistait à :
De plus, aucun Dodécaèdre connu ne porte la moindre inscription écrite.
Or les romains couvraient volontiers les objets, surtout les objets utilitaires, d'inscriptions et d'indications, notamment sur les mesures, ou sur le mode d'emploi, souvent sous forme d'abréviations latines codifiées.
A cet égard, "Dodécaèdre Celte" serait donc un nom plus adapté …
Evidemment la grande période celte est bien antérieure aux dates mentionnées (du 5ème au 1er siècle avant notre ère).
Mais il faut garder à l'esprit que la datation de ces objets (du 2ème au 4ème siècle de notre ère, soit à l'apogée de l'empire romain) a été donnée par la date du … contexte archéologique dans lequel ils ont été trouvés (temple, villa, tombe ...).
Et non par une datation de l'objet lui-même : la datation des objets métallurgiques est très difficile, et seulement réalisable (datation par luminescence) depuis quelques années.
Le Dodécaèdre pourrait donc être plus ancien que le puits romain comblé du 2ème siècle dans lequel il a été perdu ou jeté. De plusieurs siècles.
On connait environ une centaine de ces Dodécaèdres (objet à 12 faces) de bronze, datés entre le 2ème et 4ème siècle de notre ère, mais dont on n'a aucune idée de la finalité ou de l'usage :
Ces dodécaèdres ont tous une taille de 3 à 10 cm, et pour l'essentiel sont creux, même si quelques exemplaires sont pleins.
Tous ont des faces pentagonales (et donc 20 sommets), et des petites boules en applique sur les sommets des faces.
Presque tous ont les faces perforées de trous circulaires ou ovoïdes.
Et les 12 trous d'un Dodécaèdre ne sont jamais identiques, toujours de tailles différentes.
Parfois toutefois, ces trous sont de tailles identiques ou proportionnelles sur 2 faces en opposition.
On a noté que les trous sont parfois en proportion avec les doigts humains. Mais pas toujours.
Et on ne sait pas du tout à quoi servaient ces Dodécaèdres …
Aucun texte d'époque ne les mentionne (même si la philosophie néo-platonicienne en vogue à cette époque, fait largement appel aux figures géométriques), ni a fortiori n'en d'écrit l'usage.
3 usages représentent les interprétations les plus plausibles :
- Un objet à signification symbolique ou religieuse, les 12 faces représentant les 12 signes du zodiaque
- Une sorte de dé à 12 plutôt que 6 faces, servant dans un jeu inconnu.
- Une forme de télémètre militaire, servant à mesurer des distances, par observation de la taille relative d'objets connus au travers des trous de 2 faces en opposition.
Mais des arguments sont légitimement opposables à chacune de ces hypothèses :
- Aucun Dodécaèdre ne porte d'inscription permettant d'associer 1 face à 1 signe spécifique du zodiac,
- Les trous des faces étant toujours de taille différente, l'objet n'est pas équilibré, toutes les faces ne "sortiraient" pas selon le hasard, donc l'usage en dé semble compliqué.
- Si l'objet était militaire ou topologique, il n'en n'existerait qu'un nombre limité de variantes normées, alors que l'hétérogénéité est la règle.
De plus, on a trouvé ces Dodécaèdres dans les contextes archéologiques les plus variés :
- Tombe (de femme),
- fouille de temple,
- sol de villa,
- récipients et trésors métallurgiques,
- puits comblé,
- découverte fortuite en isolation …
Ce qui en obscurcit encore l'interprétation.
D'ailleurs même l'appellation classique de "Dodécaèdre romain" est discutable.
En effet, on n'a pas trouvé ces Dodécaèdres dans tout le pourtour du bassin méditerranéen, c'est à dire sur l'ensemble de l'extension de l'empire romain à la période considérée. A contrario, on les a seulement trouvés dans le bassin de répartition des populations celtes d'Europe de l'Ouest (Angleterre, France, Pays-Bas, Belgique, Allemagne, Hongrie).
Pas un seul Dodécaèdre trouvé dans la présente Italie, par exemple.
Or on sait que la maitrise de la métallurgie était beaucoup plus grande chez les Celtes que chez les Romains. Et ces objets sont de véritables chef-d'oeuvres métallurgiques.
On suppose que la technique de fabrication consistait à :
- produire 2 plaques de 6 faces accolées selon une disposition bien précise, par la technique de la cire perdue,
- puis à tordre les plaques pour les modeler en forme de sphéroïde creuse,
- enfin à souder les petite boules de bronze pour solidariser chaque sommet de 3 faces.
De plus, aucun Dodécaèdre connu ne porte la moindre inscription écrite.
Or les romains couvraient volontiers les objets, surtout les objets utilitaires, d'inscriptions et d'indications, notamment sur les mesures, ou sur le mode d'emploi, souvent sous forme d'abréviations latines codifiées.
Alors que les Celtes, au contraire, interdisaient l'écriture de leur langue. notamment dans le but de la réserver à une élite, mais également dans une démarche symbolique comparable à l'interdiction des représentations humaines dans les cultures sémitiques.
A cet égard, "Dodécaèdre Celte" serait donc un nom plus adapté …
Evidemment la grande période celte est bien antérieure aux dates mentionnées (du 5ème au 1er siècle avant notre ère).
Mais il faut garder à l'esprit que la datation de ces objets (du 2ème au 4ème siècle de notre ère, soit à l'apogée de l'empire romain) a été donnée par la date du … contexte archéologique dans lequel ils ont été trouvés (temple, villa, tombe ...).
Et non par une datation de l'objet lui-même : la datation des objets métallurgiques est très difficile, et seulement réalisable (datation par luminescence) depuis quelques années.
Le Dodécaèdre pourrait donc être plus ancien que le puits romain comblé du 2ème siècle dans lequel il a été perdu ou jeté. De plusieurs siècles.
mercredi 8 août 2018
Des strophes pour se souvenir
Arsène Tchakarian est mort.
Il était le dernier survivant des 23 de l'Affiche Rouge.
Nous avions échoué, ma sœur et moi à l'entendre de vive voix, à une conférence il y a quelques années. Très fatigué, il s'était fait excuser.
Je garde un souvenir précis de cette conférence :
Un vieux monsieur s'était levé et avait affirmé, avec un accent arménien à couper au couteau, avait crié presque : "tous les Arméniens étaient des collabos à cette époque".
Mais j'aime ce qu'Aragon avait dit de ces étrangers, chanté par Léo Ferré :
Il était le dernier survivant des 23 de l'Affiche Rouge.
Les hommes de l'Affiche Rouge
Nous avions échoué, ma sœur et moi à l'entendre de vive voix, à une conférence il y a quelques années. Très fatigué, il s'était fait excuser.
Je garde un souvenir précis de cette conférence :
Un vieux monsieur s'était levé et avait affirmé, avec un accent arménien à couper au couteau, avait crié presque : "tous les Arméniens étaient des collabos à cette époque".
Mais j'aime ce qu'Aragon avait dit de ces étrangers, chanté par Léo Ferré :
vendredi 3 août 2018
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