Non ci lo faccio più : c'est le constat final et définitif qu'adressait le pape (Michel Piccoli) au psychiatre (Nanni Moretti) dans le film Habemus Papam de ce dernier, à la fois acteur et régisseur. Une phrase toute simple : "je ne me le sens plus", bien naturelle pour un homme âgé qui se voit pourtant investi d'une charge immense. Une phrase qu'aurait pu prononcer Benoît 16 ou le nouveau pape François lors du conclave précédent. Une phrase donc finalement très actuelle, à la fois pleine de l'humanité d'un homme et loin de l'intransigeance habituellement requise pour un pape affublé de la sacro-sainte infaillibilité.
Certains croyants s'en seraient volontiers offusqués. Pour ma part, je la trouve plutôt rassurante : on aurait envie d'embrasser celui qui avoue ainsi sa faiblesse d'homme, obligé d'abandonner sa charge, bientôt sa dépouille de mortel, comme celle peinte par Michel-Ange sur la paroi frontale de la sixtine.
Qu'est-ce que ça enlève au successeur de Pierre ? L'onction divine inhérente au roi ? Sa place à part près du très Haut ? Benoît 16 a parlé de discernement dans sa décision d'abandonner son règne. L'interprétation de Nanni Moretti, ainsi propulsé prophète (bien laïque) était évidemment autre : rendre le pape éminemment humain était sans doute subversif pour l'institution cléricale. Personnellement, je ne le blâmerais pas. Il y avait beaucoup d'intelligence dans le traitement d'un sujet que seul un italien pouvait ressentir aussi justement.