Curieux hasard du
programme télé, le match Italie Angleterre de ce samedi minuit ma
laissé fatigué et captif devant l'écran.
Je suis tombé sur
un premier programme étonnant proposant une découverte de
l'Okavongo, cours d'eau d'Afrique australe. Les explorateurs se
proposaient d'aller à la rencontre des plus grands sauriens existant
encore aujourd'hui. Une confrontation animale, instinctive, utilisant
la partie la plus ancestrale de notre cerveau, contenant un ressort
vital essentiel : notre cerveau reptilien. Seul compte ici le
face à face entre deux êtres organiques. Il s'agit de plonger à la
rencontre de crocodiles de 4 à 5 m de long, pour filmer l'animal
dans son élément, dans la limpidité vert-jaune du fleuve, et de
trouver l'antre secrète de ces animaux qui se cachent dans
l'obscurité des racines de papyrus. La prise de vue est unique, le
courage confine à l'inconscience car nul ne connaît à l'avance la
réaction de ces animaux d'un autre temps, plus pourchassés que
vraiment compris.
Un deuxième
reportage consistait à faire l'éclairage sur l'ensemble des
techniques de défonce utilisées de nos jours par notre espèce.
L'ensemble de l'offre planétaire est ainsi exhibée avec précision.
L'histoire, la formule et le coût de chaque produit sont rappelées
avec bien sûr ses effets neurologiques voire organiques, sa
préparation artisanale éventuelle, sa forme galénique ainsi que
les conditions de prise. Substances en tout genres parmi lesquelles
la drogue la plus basse, la plus délétère du moment. Un dérivé
de la codéine facile à fabriquer de façon artisanale dans certains
milieux désespérés et urbains de Sibérie et des pays de l'Est. La
scène se passait dans une barre d'immeubles délabrés de la
sous-banlieue de St Petersbourg. Si l'enfer existe sur Terre, il
existe dans ce genre de squats sordides où des jeunes s'injectent
cette désomorphine qui leur fait pourrir immédiatement le cerveau
et le corps. Cette saleté qui ne mérite pas même le nom de drogue
dure s'appelle krokodil pour les ravages qu'elle inflige à court
terme. La mort survient moins de deux ans après la première
injection. Les images correspondantes sont absolument insoutenables
et incommentables sauf à se repaître du délabrement de ces pauvres
junkies réduits très rapidement à des morts vivant leur courte vie
terrestre.
Télescopage
télévisuel sans doute mais question posée à notre espèce :
peut-on laisser ainsi des semblables s'injecter une mort certaine ?
Le risque qui consiste à se confronter aux habitants de l'ère
secondaire de notre planète est bien sûr bien plus noble et chargé
de sens. Mais pourquoi risquer de se faire dévorer ? Comment
peut-on aussi, en connaissance de cause, s'injecter une gangrène
digne des tranchées de 14 ?