« L’amour
contemplatif a soif de réalisation immédiate et de l’attention générale. On
va jusqu’à donner sa vie, à condition que cela ne dure pas longtemps, que
tout s’achève rapidement, comme sur la scène, sous les regards et les
éloges. L’amour agissant, c’est le travail et la maîtrise de soi, et pour certains, une vraie science. Or, je vous prédis qu’au moment même où vous verrez avec effroi que,
malgré tous vos efforts, non seulement vous ne vous êtes pas rapproché du
but, mais que vous vous en êtes même éloigné,- à ce moment, je vous le
prédis, vous atteindrez le but et vous verrez au-dessus de vous la force
mystérieuse du Seigneur, qui, à votre insu, vous aura guidé avec amour. » |
Dostoïevski,
Les frères Karamazov, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1952, Paris |