Quand je travaille sur un ouvrage à la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, j'ai si souvent le sentiment d'être un imposteur.
Déjà parce que le livre que j'ai choisi, bien qu'écrit en français, est compliqué à comprendre, mais comme je l'ai trouvé sur une étagère qui ploie sous les gros ouvrages en anglais, allemand, italien ou grec ancien que je ne peux pas lire, alors je m'accroche.
Mais aussi parce que ce livre, souvent écrit par un Chartiste des temps passés, ne prend même pas la peine de traduire les citations latines ou grecques dont il est truffé. Latin et grec étant de simples prérequis, depuis longtemps acquis par les usagers légitimes de la bibliothèque.
Parfois un précédent lecteur a mis un point d'exclamation, tout réjouit par la beauté de l'idée exprimée, dans la marge en face d'un passage qui l'a interpelé. A chaque fois alors, je me fais la remarque, qu'à cet endroit précis, j'aurais plutôt mis un point d'interrogation, ou toute autre marque de désespoir impuissant.
Et les choses s'aggravent encore quand je pose cette question qui me taraude à un professeur. Car alors sa réponse (un peu désabusée) est en général une nouvelle référence, d'un livre dont je n'ai jamais entendu parler, voire même d'une bibliographie complète.
J'avais déjà eu ce sentiment d'imposture lors de mes premières études, il y a longtemps. Ce sentiment bizarre qui fait constater combien les autres sont si évidemment à leur place, eux. Ils doivent voir comme le nez au milieu du visage, que je ne suis pas des leurs.
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