mercredi 26 février 2025
lundi 24 février 2025
Le Golem selon l'IA
J'ai confié à deux IA différentes (CHatGPT et le Chat de Mistral) la tâche de me représenter un haut-lieu de la littérature du Moyen Age : la rencontre du chevalier Calogronan avec "un vilain" à la lisière d'une forêt profonde.
Cette scène merveilleuse, à la fois onirique et inquiétante, est rapportée par Chrétien de Troyes dans Yvain ou le Chevalier au Lion (XIIème siècle).
Cette scène nous a été conservée dans plusieurs manuscrits, dont le BNF Ms Fr 794, accessible sur Gallica :
Afin de ne pas complexifier la tâche de l'IA inutilement, j'ai toutefois retranscrit légèrement le texte original, tel qu'il est rendu par le Dictionnaire Electronique de Chrétien de Troyes :
J'en ai gommé les spécificités trop anciennes, comme les mesures en empan ou en pieds, ou les "grenons tortiz" (les moustaches). Du coup, cela donne un texte en français moderne, certes plus lisible, mais sans saveur par rapport à la magnifique expressivité du XIIème siècle :
Je vis alors un être assis sur une souche, ayant une massue en main. Cet être ressemblait fort à un monstre, laid et hideux à démesure. Je m'approchai de lui, et vis qu'il avait plus grosse tête que cheval de trait ou autre bête, cheveux mêlés en broussaille, front pelé de plus de 20 centimètres de large. Il avait les oreilles moussues et grandes comme celles d'un éléphant, sourcils touffus, visage plat, yeux de chouette et nez de chat, bouche fendue comme loup, dents de sanglier, aiguës et brunes, barbe noire, moustaches tordues, le menton soudé à la poitrine, une longue échine, tordue et bossue.
Il était appuyé sur sa massue, vêtu de très étrange façon. Son vêtement n'était ni de tissu ni de laine, mais de deux cuirs nouvellement écorchés, cuir de taureau ou cuir de bœuf. L’être se dressa sur ses pieds dès qu'il me vit approcher. Je ne savais pas s'il voulait me frapper aussi je me fis prêt à me défendre, et vis alors qu'il demeurait immobile et sans bouger.
Il était juché sur un tronc qui avait bien 5 mètres de long. Il me regardait, ne disant pas un mot, pas plus que ne ferait une bête. Et je croyais qu'il ne savait pas parler ou qu'il n'avait point de raison.
Toutefois, je m'enhardis et lui demandai : « Dis-moi, es-tu une bonne créature ou non ? »
Il me dit : « Je suis un homme ».
Je lui demandai : « Quelle sorte d’homme es-tu ? »
Il répondit : « Tel que tu me vois. Je n'ai jamais été un autre que cela ».
J'ai demandé spécifiquement aux deux IA de me faire une représentation visuelle dans l'esprit de la bande dessinée, de cette rencontre purement littéraire. J'ai demandé explicitement un style préraphaélite du trait, pour la beauté de l'exercice.
J'ai du redemander aux deux IA de retravailler chacune leur copie une seconde fois. Il s'agissait de corriger pour chacune une "hallucination" dans la première version soumise :
- ChatGPT : Un personnage surnuméraire sous les traits d'un philosophe s'était invité dans l'image.
- Mistral : Une double lune étrange apparaissait dans le ciel.
Mais après ces corrections, voici le résultat obtenu par chacune :
![]() |
ChatGPT |
![]() |
Mistral |
Je suis convaincu que le passage littéraire en question tire son étrangeté (ce n'est pas le Diable que croise Calogronan) ainsi que son caractère un peu inquiétant, d'une réminiscence du Golem tel que décrit dans la tradition juive antique.
samedi 22 février 2025
Je hais cette société
Je hais cette société qui prône la désintermédiation systémique et systématique, et la déresponsabilisation qui va de pair :
jeudi 20 février 2025
Point d'équigravité Terre-Lune
J'ai demandé au robot-chat personnalisé PhysicsSolver d'OpenAI de me donner l'expression de la distance d depuis le centre de la Terre, où les gravités dues à la Terre et à la Lune se compensaient exactement, en fonction de la distance D entre les centres de ces deux objets : voici le prompt proposé (pourtant peu détaillé) et voici ce qu'il m'a retourné :
puis :
Il suffit ensuite de développer et regrouper :
Finalement on isole d :
Application Numérique, avec MT = 5,9722 × 1024 kg et ML = 7,342 × 1022 kg, on obtient :
Pas d'ambiguité sur une racine qui ne serait pas physiquement acceptable…
Il
faut donc suggérer à PhysicsSolver qu'il n'est pas obligé d'utiliser à chaque
fois du second degré...
Au risque de dire n'importe quoi au
sujet d'une racine qui serait négative (ou alors c'était pour nous
suggérer qu'il l'a fait sans recopier ;-), car en effet la question se pose de savoir s'il a tout recopié quelque part, donné la solution statistiquement la plus probable ou si c'est un peu plus élaboré... et si on peut aller jusqu'à parler de "réfléchie" pour ce type de réponse ?
mardi 11 février 2025
Ceux qui gouvernent...
Dans tous les états le pouvoir de ceux qui gouvernent, doit être exercé
selon des lois publiées et reçues, non par des arrêts faits
sur-le-champ, et par des résolutions arbitraires : car autrement, on se
trouverait dans un plus triste et plus dangereux état que n’est l’état de nature,
si l’on avait armé du pouvoir réuni de toute une multitude, une
personne, ou un certain nombre de personnes, afin qu’elles se fissent
obéir selon leur plaisir, sans garder aucunes bornes, et conformément
aux décrets arbitraires de la première pensée qui leur viendrait, sans
avoir jusqu’alors donné à connaître leur volonté, ni observé aucunes
règles qui pussent justifier leurs actions. Tout le pouvoir d’un
gouvernement n’étant établi que pour le bien de la société, comme il ne
saurait, par cette raison, être arbitraire et être exercé suivant le bon plaisir,
aussi doit-il être exercé suivant les lois établies et connues ;
en sorte que le peuple puisse connaître son devoir, et être en sûreté à
l’ombre de ces lois ; et qu’en même temps les gouverneurs se tiennent dans
de justes bornes, et ne soient point tentés d’employer le pouvoir
qu’ils ont entre les mains, pour suivre leurs passions et leurs
intérêts, pour faire des choses inconnues et désavantageuses à la
société politique, et qu’elle n’aurait garde d’approuver.
Locke, in Traité du gouvernement civil (1690)
Locke est un philosophe, père fondateur du libéralisme et du contractualisme, pensées qui ont inspiré le système politique des tout jeunes États Unis d'Amérique.