mercredi 21 octobre 2015

La Stèle de Tel Dan

Cette stèle a été découverte en 1993 dans le nord d’Israël.

Ce n'est en apparence qu'un morceau brisé d'une stèle de victoire d'un roi araméen de Syrie, comme le moyen-orient en a livré beaucoup.

Brisée, elle a été réutilisée en remplissage dans un mur daté antérieurement au 8ème siècle avant JC.

Mais elle est extraordinaire en fait : Car, gravée au milieu des bribes du texte, figure la mention "Maison de David".

C'est la seule pièce archéologique connue de ce type, mais elle fait passer ce roi du statut de roi mythique (seulement acté par la Bible) au statut de roi historiquement avéré.



"Maison de David" "BetDvd" surligné en blanc sur la photo


dimanche 18 octobre 2015

Les feuilles mortes

Madame la Maire de Paris,

J’ai récupéré en ce Dimanche matin d’automne, Rue Froidevaux, 4 sacs de feuilles mortes obligeamment préparés par la Direction de la Propreté de Paris.

Je me suis glissé habilement entre le balayage du Dimanche matin, et la collecte des sacs par camion en journée. 
J’ai évidemment demandé au préposé au balayage, œuvrant Rue Froidevaux, si je pouvais lui subtiliser ces quelques sacs.

La première réaction de l’escouade des petits hommes verts a été très touchante : Le premier préposé, inquiet, m’a adressé à son chef, qui interprétant mal ma demande, de loin, et craignant une embrouille dont les Parisiens sont experts, pensait que je me plaignais de la présence des sacs sur le trottoir. Il s’en est excusé par avance, affirmant que les sacs allaient partir rapidement.

Une fois l'affaire tirée au clair, et la surprise passée, le chef m’a autorisé à prendre autant de sacs de feuilles que je souhaitais.

Ces feuilles viendront tapisser les 20 mètres carrés d’espace verts privatifs de notre copropriété dans le XIVème :

Répandues au sol, les feuilles mortes ont trois fonctions : 
  • Elles limitent la progression du lierre rampant, 
  • elles protègent du gel, 
  • et feront de l’humus pour le printemps à venir.
En plus de sentir bon les sous-bois, et de tapisser la cour d’une belle couleur automnale.




Cette année, j’ai choisi la fragrance Tilleuls. Cette senteur est plus élégante à porter que les autres senteurs proposées par la ville de Paris : Les Marronniers sont malades et les Platanes ont des feuilles bien trop grossières.

Les merles parisiens, assez exigeants, préfèrent aussi "Tilleuls" pour fouiller et fouisser : Des petites feuilles délicates et légères, qui cachent des insectes savoureux, et parfois un juteux lombric.




Il m’a fallu faire 4 fois le circuit à Velib entre chez nous et la rue Froidevaux pour ramener mes 4 sacs. Je félicite d’ailleurs la direction technique de Decaux, puisque le porte-bagage rectangulaire du Velib est parfaitement adapté pour le déplacement confortable d’un sac poubelle de rue modèle standard de la Ville de Paris (Modèle 25 microns transparent plastique recyclé).

Evidemment, il faut supporter le regard inquisiteur du policier dans sa voiture pie arrêtée au feu rouge à côté de vous, qui balaye dans sa tête les articles du Code Civil, à la recherche de l’infraction en flagrance. Je ne vous cacherai pas d'ailleurs, que la présence de cette voiture pie a d'ailleurs influé sur ma décision de m'arrêter au feu rouge, malgré la charge assez déstabilisante sur le porte-bagage.
Ou sourire de la remarque désobligeante du caviste désœuvré au seuil de sa boutique qui « estime que chacun a bien le droit de montrer le quartier à Velib à son sac poubelle préféré» (un peu duraille la 4ème fois).
Et comme chaque année, à l’Assemblée Générale des Copropriétaires, quelqu’un s’étonnera de la quantité prodigieuse de feuilles de forme bizarre, produite par notre unique érable, un peu anémique.




Il faut néanmoins bien choisir son essence, et surtout son terroir : Afin que le fond du sac de feuilles ne soit pas trop pollué par ce qu’on trouve habituellement sur les trottoirs, les Parisiens étant ce qu’ils sont ...
La Rue Froidevaux, qui court sur le grand côté du cimetière de Montparnasse, est, à cet égard, idéale ; elle a la bonne essence « Tilleul », et est exposée plein Sud donnant des feuilles gorgées de soleil. Elle est en même temps peu fréquentée, ce qui limite les déchets type Mac Donald, et suffisamment fréquentée toutefois, pour limiter les déchets d'un autre type.
Et elle est bordée par un voisinage très calme, qui s'y connaît en terreau.

Un tri sélectif, une fois le sac arrivé à destination est néanmoins requis dans tous les cas. Le produit de ce tri finira évidemment dans le bac à couvercle jaune, et à part du fameux sac 25 microns transparent, lui-même dans ce même bac.


Tout ça pour vous dire, Madame la Maire, qu’il y aurait peut-être intérêt à faire organiser un circuit court (les Parcs et Jardins me paraissent les meilleurs candidats pour travailler avec la Propreté, ils sont dotés des bons outils et d’espace de stockage) pour mettre à disposition des Parisiens (gratuitement ?) les essences les plus demandées.

Je n’ai pas peine à imaginer que vos experts en jardins à la Ville pourraient même nous concocter des bouquets de fragrances mélangées, d’année en année :
Laissez-vous tenter par ce Pot-Pourri Automne 2016, à la belle robe orange rouille, aux vertus reconnues pour de belles perce-neiges et jonquilles de Février !

Les avantages de ce circuit court sont clairs :
  • économie d’une part des frais d’élimination des feuilles mortes, 
  • recyclage en vert dans la multitude des petits espaces verts privatifs, 
  • relations de proximité entre la Ville et ses usagers, 
  • meilleure compréhension par ces derniers de leur taxe de balayage.

Peut-être auriez-vous d’ailleurs l’obligeance de bien vouloir transférer mon courrier à la Direction des Finances ? J’apprécierais beaucoup une petite ristourne sur cette fameuse taxe de Balayage, pour la suggestion d’économie générée 
pour vos services, par ce circuit court des feuilles mortes.


Veuillez agréer, Madame la Maire, l’expression de mes meilleures salutations.




mardi 13 octobre 2015

Frise historique

un étudiant de l’académie Bezalel de Jérusalem (les beaux-arts d'Israel), Matan Stauber, a créé une frise historique très belle.

Ce qui est prodigieux, c'est le simple fait qu'un objet technique d'une pareille ambition est réalisable. Il y a 20 ans, seule une institution, un musée, en aurait eu les moyens.
Et Internet permet une visibilité mondiale instantanée.

vendredi 9 octobre 2015

Paléographie

Les Archives de Haute-Saône ont mis en ligne un cours complet de paléographieextrêmement bien fait, rédigé par un honorable directeur antérieur, Mr Gérard Moyse.

Voyez par exemple le dossier I, sur les XX que compte le cours complet :

Le document à déchiffrer : Un procès-verbal dressé par les archers du baillage d’Amont, siège de Vesoul, à l’encontre du sieur Pusel, auteur de tapage nocturne en cette ville et de menaces de mort envers les autorités, les 9 et 10 juin (Document daté du 12 Juin 1632).


Avec une analyse précise du tracé des lettres à l'intérieur des mots du texte :
Noter d'ailleurs combien le "b" ancien est proche de notre "G" moderne.
Ce qui oblige souvent à se référer à des mots certains dans le texte. Ainsi, on cherchera  toujours des yeux le mot "baptisé", dans le cas d'un acte de naissance, que l'on trouve toujours à la même place dans le texte, après le nom de la mère de l'enfant, pour être sûr de ne pas confondre "b" et "g".


Et au final, la transcription du texte en question, en écriture moderne (ne s'y référer qu'en désespoir de cause) :

A Vesoul, ce douziesme jour du mois
 de juin mil six cent trente-deux, comparant
par devant moy, François Cornevaux, dudit Vesoul


Une merveille méthodologique.

mercredi 7 octobre 2015

La violence sociale ordinaire

Je suis complètement d'accord avec ce texte de Sylvain Bouhard, un cheminot syndicaliste, qui réagit, dans Rue89, à la violence survenue brutalement lors des négociations chez Air France :

Il est au bout de la table, affalé en arrière sur sa chaise et tripote son téléphone portable. De temps en temps, il jette un regard par en dessous aux autres humains assemblés autour de lui.

Par moment, sans que l’on sache si cela est dû à ce qui se passe sur l’écran de son téléphone ou à ce qu’il entend, il lâche un petit soupir agacé.

Plusieurs fois pendant les deux ou trois heures que je vais passer non loin de lui, il balancera son téléphone nerveusement sur la table comme on jette un outil récalcitrant, et aura l’air d’être un peu parmi nous le temps de lâcher quelques sentences définitives qui, manifestement, ne souffrent aucune contestation.

Bref, j’ai en face de moi un grand ado distant qui joue avec son téléphone puis se mêle de la conversation pour nous laisser entendre que nous sommes vraiment des vieux cons.

Le seul problème, c’est que, ce grand ado, il a plus de 50 ans et il est président directeur général du leader mondial du travail temporaire (ce joli nom qu’on donne à l’intérim, c’est-à-dire à l’exploitation des précaires).

A côté de lui, son directeur juridique et son DRH, manifestement pas étonnés par l’attitude pour le moins désinvolte et méprisante du grand patron.
Autour de la table, nous, seize personnes, quatre par organisation syndicale, qui essayons chacun de faire un peu avancer les dossiers que nous estimons importants pour les 5 500 salariés en CDD ou CDI ainsi que les 150 000 intérimaires.
Ce sont les négociations annuelles obligatoires. Une belle invention du législateur qui oblige les grandes entreprises à recevoir les délégations syndicales une fois par an pour aborder tous les sujets. Juste à les recevoir, hein, pas à arriver à un quelconque accord sur le moindre sujet. Faut pas déconner non plus !

Notre grand ado, pour lui, ça semble être la corvée de chiottes. Nous ne sommes manifestement que des pénibles qui l’emmerdons avec des revendications stupides.
Des intérimaires se font facturer leur casque ou leurs chaussures de sécurité ? On dirait que c’est dans nos têtes malgré les cas qu’on nous signale de façon récurrente.
Un vrai budget d’action sociale pour le CE pour pouvoir vraiment faire quelque chose pour les intérimaires ? Il semble penser que la boîte est déjà bien sympa de leur filer du boulot précaire et sous-payé. Sont exigeants ces pauvres !
3% de revalorisation des salaires pour les CDD/CDI au lieu des 0,5% proposés ? Il glousse devant une demande aussi irréaliste. La boîte n’a pas les moyens, c’est sûr... Elle ne fait que 400 millions de bénéfice net après impôts. Les personnels des premiers échelons qui émargent à moins de 1 000 euros net par mois doivent aussi s’estimer heureux d’avoir un boulot. Et puis, « faut penser à l’actionnaire ».

Bref, en guise de négociateur, nous avons un type méprisant au dernier degré. Un gars qui émarge à presque 100 000 euros brut mensuel nous regarde comme une bande de gueux décidément bien gonflés de demander plus que ce que l’on veut déjà bien nous donner et, en plus, on a vraiment l’air de lui faire perdre son temps.

A la sortie de ces deux ou trois heures, je ne m’étais jamais senti aussi méprisé et humilié. Aujourd’hui encore, c’est un souvenir cuisant.
Ces gens ont la vie des autres entre leurs mains mais n’ont absolument aucun scrupule. Ils se sentent 100% légitimes à décider du sort de leurs semblables et ne se gênent pas une seconde pour faire comprendre à des gens qui gagnent 50 ou 100 fois moins qu’eux qu’ils doivent se taire et s’estimer heureux de ce qu’on leur donne. Pire, toute tentative de contestation, ne serait-ce que par la négociation, semble être vécue comme un crime de lèse-majesté bien agaçant, comme le moustique qui vous tourne autour alors que vous tentez une petite sieste, peinard, au bord de la piscine.
Alors quand je vois des salariés que l’on va pousser à la porte perdre un peu les pédales, je ne peux pas m’empêcher de repenser au sentiment que j’ai ressenti ce jour-là, alors qu’il n’était même pas question de m’ôter mon gagne-pain. Je l’aurais croisé dans une rue sombre, sans témoin, je crois bien qu’il aurait pris quelques coups.
Oui, la violence, c’est condamnable, mais il ne faut pas oublier que l’attitude d’une bonne partie de ces « grands » patrons est une violence faite aux salariés qui ne demandent qu’à vivre correctement de leur travail mais se trouvent mal payés et, parfois, mis dehors sans remords par des entreprises juste parce qu’elles ne gagnent pas autant que prévu.

La première violence est sociale.
Elle vient du monde patronal et financier et elle s’exerce souvent avec un mépris total.
On a tendance à l’oublier un peu vite.

samedi 3 octobre 2015

La Tombe d'Alexandre (4)

Finalement, Amphipolis n'est peut-être pas la tombe d'Alexandre.

Katerina Peristeri, l'archéologue grecque en charge des fouilles a révélé avoir découvert des inscriptions gravées dans les murs de la tombe disant "parelavon" et "Hephaestion" (sous la forme d'un monogramme de deux initiales), ce qui signifie "a reçu Hephaestion".



Cela ferait de cette tombe, un cénotaphe pour le général de l'armée macédonienne, Hephestion, amant d'Alexandre.

Les choses ne sont pas acquises toutefois, pour deux raisons :

1) l'inscription est un simple graffito dans un coin, peu compatible avec la majesté de la plus grande tombe de toute l'Asie Mineure, et

2) la formule "a reçu" est réservée normalement aux tombes, et non aux simples cénotaphes, alors que la crémation du corps d'Hephestion est avérée à Babylone (Irak), après son décès à Ecbatane (Iran) le 10 Novembre -324.





vendredi 2 octobre 2015

L'Intelligence fait-elle taire la bêtise ?

Je reprends ici le courrier intelligent mais cinglant de Nicolas Huguenin, professeur d'Histoire Géographie, tel que paru dans le Huffington Post du 29/09 en réponse aux inepties récentes de Nadine Morano sur la "race blanche".

Ce qui est amusant, c'est que quand un "Huguenin" répond à une "Morano", c'est clairement, au plan de l'onomastique historique, un "Huguenot" (un Protestant sous Henri IV) qui répond à une "Marrane" (Un Juif expulsé d'Espagne en 1492). 

Madame,
Je n'ai pas regardé votre prestation télévisuelle hier soir. Je sortais d'un concert où de magnifiques artistes avaient interprété des œuvres de Liszt, de Brahms et de Chopin, et, après tant de beauté sonore, l'idée de vous entendre débiter vos âneries avec une voix de poissonnière lepénisée me répugnait légèrement. Non, complètement, en fait. Mais ce matin, j'ai quand même pris sur moi et j'ai regardé huit (longues) minutes de votre intervention. Et permettez-moi de vous dire, madame, que la maladie dont vous souffrez -dite "maladie de la bouillie de la tête"- vous fait dire n'importe quoi.

Vous parlez de "race blanche" et de religion, en associant l'une et l'autre. Passons sur le fait que la "race blanche" n'existe pas, et que plus personne n'en parle depuis que les derniers théoriciens nationaux-socialistes ont été pendus à Nuremberg. Mais associer une religion à une couleur de peau, là, il fallait le faire ! Les Albanais sont blancs et musulmans. Desmond Tutu est noir et chrétien. Le pays musulman le plus peuplé du monde est l'Indonésie, habitée par... des jaunes. Ah, c'est compliqué, hein ! D'ailleurs, si on ne peut pas changer de couleur de peau, à part Mickael Jackson, on peut toujours sans modifier son teint abandonner une religion ou en changer. Tenez, moi j'ai renoncé à la mienne et je ne suis pas devenu transparent pour autant - sauf quand j'essaie de draguer un grand brun aux yeux bleus dans un bar gay, mais ceci est une autre histoire. Et, au passage, en affirmant que la France est « de race blanche », vous laissez entendre que la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, la Réunion et Mayotte, ce n'est pas la France. C'est bien les patriotes en peau de lapin d'extrême-droite, ça ! Ça nous rebat les oreilles avec la France, mais ça raye de la carte cinq départements d'un coup.

Vous expliquez ensuite que la France a une identité judéo-chrétienne. Et là, pour une fois, vous n'êtes pas allée assez loin -sans doute parce que vous ne connaissez pas mieux l'histoire de la France que sa géographie. Non, madame, la France n'est pas judéo-chrétienne. Elle est catholique. Et elle l'est parce que, pendant mille trois cents ans, on n'a pas permis aux Français d'être autre chose. Juifs, cathares, vaudois et protestants le savent bien. Entre 496, date à laquelle Clovis a (selon la formule célèbre) embrassé le culte de son épouse, et 1790-1791, date à laquelle on s'est résolu à considérer les juifs et les protestants comme des citoyens à part entière, la religion n'a pas été une affaire de choix personnel. Ni même collectif. Les Français n'ont pas voulu être catholiques. Ils ont été contraints de l'être. Ce que les libéraux appellent "la concurrence libre et non faussée" n'est appliquée, en matière de religion, que depuis deux siècles. Le chevalier de la Barre était déjà mort. Jean Calas aussi. Et tous ceux qu'on avait massacrés au nom de Dieu, avant eux; rançonnés par Philippe Auguste, marqués de la rouelle par Saint Louis, expulsés du royaume par Philippe le Bel, massacrés par toutes sortes de croisés, immolés par l'Inquisition, trucidés par Charles IX, pourchassés par les dragons de Louis XIV...

Au passage, je trouve parfaitement dégueulasse votre tentative minable de récupérer les Juifs et les protestants pour alimenter votre petit commerce de la haine. Quand on sait ce qu'ils ont subi en France pendant des siècles... Il fallait une sacrée persévérance pour ne pas être catholique en France, alors. Heureusement, ce n'est plus le cas. Et moi, contrairement à vous, je m'en réjouis. En laissant les Français librement choisir leur religion, ou choisir de ne pas en avoir, on a des surprises. Et alors? Cela porte un beau nom, madame Morano. Cela s'appelle la liberté de conscience.

Et c'est enfin la troisième et dernière remarque que je voulais vous faire, madame. Vous vous plaignez que, dans certains quartiers, on ne célèbre plus que 5 baptêmes, là où il s'en célébrait 250 il y a encore quelques décennies. Mais la faute à qui? Aux musulmans, qui "envahissent" nos villes, ou aux catholiques, qui renoncent à l'être et n'obligent plus leurs enfants à fréquenter le catéchisme? Et vous ne vous demandez pas pourquoi l'Église faisait fuir les fidèles? Non? Vraiment, vous n'avez pas une petite idée? Ne serait-ce pas, je ne sais pas, moi, par exemple, parce qu'elle condamne encore les femmes qui prennent la pilule, et les hommes qui emploient un préservatif? Ou parce qu'il est devenu insupportable d'affirmer, comme le font certains évêques, qu'une femme violée qui avorte est plus coupable que son violeur? Ou parce que ça commence à se savoir, que certains curés tripotent les enfants de choeur dans les sacristies? Ou parce que répéter que le mariage est un sacrement indissoluble, dans un pays où un tiers des couples divorcent, ça fait un peu "ringard"? Ou parce que le double discours d'une Église riche à milliards en faveur des pauvres n'est plus tout à fait pris au sérieux? Ou, tout simplement, parce que la foi, dans notre monde moderne, n'apporte plus de réponses suffisantes aux masses? Et d'ailleurs, rassurez-vous, les catholiques ne sont pas les seuls concernés. Tenez, je vous parie que, dans deux ou trois générations, les musulmans de France ne mettront pas plus souvent les pieds dans une mosquée que moi dans une église... ou que vous dans une bibliothèque. C'est dire... Déjà, un tiers d'entre eux ne fait plus le ramadan.

Tout cela pour vous dire, madame, que votre vision d'une France réduite à ses seuls habitants "de souche" est non seulement insupportable moralement, mais aussi sacrément dépassée. Et que votre peur panique de tout changement, de toute modernité, est pathétique. Et presque risible. "Nous avons éteint dans le ciel des lumières qu'on ne rallumera plus", disait le député René Viviani en 1906.

Et ce n'est pas en allumant les feux d'une guerre civile que vous ferez croire aux électeurs que vous brillez, madame.

Tout le monde le sait: vous n'êtes pas une lumière.