lundi 27 juillet 2009

Rendez-vous à Samarcande



Le Pasteur de l'Oratoire de Louvre a repris dans son prêche de Dimanche matin, très éclectique, cette magnifique histoire de http://www.lucien-baumann.fr/, que j'ai lue autrefois, illustrée par Tomi Ungerer :

Le Grand Vizir de Taschkent, terrorisé, vint un jour trouver le Calife et lui demanda affolé : Maître, autorise-moi à partir tout de suite, je dois me réfugier à Samarcande.

Le Calife lui demanda alors : Quelle est donc la cause de cette urgence ?

Le Grand Vizir répondit : J'étais au marché ce matin, et j'y ai croisé la Mort, grande, maigre, le cou recouvert d'un voile (je ne connais pas cette représentation, il y a sans doute là-dedans un contenu culturel protestant qui m'échappe). Elle a tendu le bras vers moi. Je dois fuir, afin qu'elle ne me retrouve pas. Je dois être à Samarcande avant ce soir.

Et il partit au triple galop. Chacun sait qu'il ne faut pas lambiner pour atteindre Samarcande avant la nuit, mais il réussit quand même à donner un sens nouveau à l'expression "avoir la Mort aux trousses".

Le Calife, interloqué, se rendit à son tour au marché, et croisa effectivement la Mort, au détour d'une allée du marché aux épices, et lui fit grief d'ainsi effrayer son serviteur.

La Mort lui affirma qu'elle n'avait aucune l'intention d'effrayer le Grand Vizir :
"Je l'ai vu et j'ai juste levé le bras de surprise, car je ne m'attendais pas à le voir là,
car j'ai rendez-vous avec lui ce soir à Samarcande."

Magnifique aphorisme et je cite Lucien Baumann :
A qui bon ce départ lointain, puisqu'il faut que la Faux l'attende, cette nuit ou alors demain, au rendez-vous de Samarcande.