jeudi 24 janvier 2019

Dans les pas de Sidonius Appolinarius

Nous avons mis nos pas dans les pas de Sidonius Appolinarius, hier à l'oppidum de Corent.

En exacte diatopie avec lui,
16 siècles après lui pour la diachronie.





La beauté lumineuse de la France éternelle ...

lundi 21 janvier 2019

Le cadeau à Dieu

Je suis touché au plus profond par cette citation de Saint-Exupéry :

J'ai longtemps médité sur le sens de la paix.
Elle ne vient que des enfants nés, que des moissons faites, que de la maison enfin rangée.
Elle vient de l’éternité où rentrent les choses accomplies.
Paix des granges pleines, des brebis qui dorment, des linges pliés, paix de la seule perfection, paix de ce qui devient cadeau à Dieu, une fois bien fait.


dimanche 13 janvier 2019

Pédophilie

Au procès de l'Eglise Catholique cette semaine, Madame la présidente Brigitte Vernay a dit les mots suivants, à la fin de la déposition de l’une des victimes, qui a lutté de toutes ses forces pour parvenir à confier publiquement son témoignage sur ce qu’il avait subi enfant, de par le père Preynat :

« Quel courage, monsieur !
Vous pouvez maintenant vous asseoir.
Droit, monsieur, droit ! ».


L'immense classe de la professionnelle de la Justice, en réponse à l'immense courage de la victime.





samedi 12 janvier 2019

Les barbares parmi nous

Il faut absolument regarder cette conférence de Bruno Dumézil pour comprendre cette période que je trouve fascinante des invasions barbares :


Evidemment très documenté, mais surtout fascinant.



vendredi 11 janvier 2019

Le verbe "cheoir" est difficile en Ancien Français

"Cheoir" est un beau verbe de la langue française, un peu désuet peut-être.
Il émane du verbe latin "cadere", et est synonyme de chuter, tomber.

La forme "cheoir" a été obtenue par le polissage des siècles, et l'usage a éliminé les variantes autrefois attestées comme "chaoir", ou "chaor", plus proches de l'étymon. En revanche, cette forme de l'étymon "cadere" transparait encore bien dans le participe passé qui n'est plus usité comme tel : "caduc". Nous ne l'utilisons plus que comme adjectif.

La variante "échoir" est une sorte de forme intensive du même verbe, construite à l'origine (probablement, je ne suis pas trop sûr de moi, sur ce coup) par une construction avec la préposition latine "ad".


On a aussi la variante "il sied", dans une forme neutre, signifiant "il convient".  Le sens d'origine en était factuellement "ca tombe bien", on a d'ailleurs encore les adjectifs en forme verbale "bienséant" et "malséant".



L'évolution phonétique de "cadere" à "cheoir" est assez classique du traitement du latin tardif par la proto langue française :
  • Le son [k] de [kadere] a très souvent été transformé en [ch], en ancien français, qui est devenu souvent [s] par la suite (penser à "caesar" prononcé [kaessar] par Cicéron mais prononcé aujourd'hui [césar] en français, et [tsar] en russe).
  • La démultiplication des voyelles e, o, i, qui étaient d'ailleurs toutes prononcées jusqu'au 13ème siècle (prononciation en diphtongue), est, elle aussi, très classique. 
Ce qui est amusant, c'est que ce verbe "cheoir" avait une proximité sonore gênante avec un autre verbe de la langue française, mais tiré lui de l'etymon latin cacare. Et du coup il nous faut faire très attention, encore aujourd'hui, quand on traduit une phrase comme :

"Ou qu'il le vit, as piez li chiet" 
 (Tirée du Roman de Renart, 12ème siècle) 

Il faut traduire "Dès qu'il le vit, il se laissa tomber à ses pieds".
On peut tenter aussi "il chut à ses pieds", si on aime le risque.

Mais il ne faut surtout pas croire que la vue de l'Ermite provoque chez Goupil une débâcle intestinale.




jeudi 10 janvier 2019

Toutânkhamon



     Il faut aller voir l'exposition présentée par le Ministère des Antiquités égyptiennes à la Grande Halle de la Villette. Elle célèbre le centenaire de la découverte du tombeau royal en réunissant des chefs-d’œuvre d'exception. Elle dévoilera ainsi plus de 150 objets originaux issus du tombeau. Plus de 50 pièces de cette collection voyageront pour la première et la dernière fois hors d'Égypte.


lundi 7 janvier 2019

Bouillon Chartier

Le Bouillon Chartier se dédouble dans un nouveau restaurant à Montparnasse.
Voilà une bonne nouvelle pour commencer 2019 ...







samedi 5 janvier 2019

De la Cotte de maille à la Redingote

J'entendais Alain Rey rappeler (plus exactement m'apprendre, en l'occurrence) que la redingote, ce mot si élégant de la langue française, est en fait un anglicisme du 18ème siècle, tiré du "riding-coat", le manteau du cavalier anglais.



Je ne peux m'empêcher de penser que, si les cavaliers anglais portent des "coats", c'est parce que Guillaume le Bâtard (les Anglais le nomment ainsi, "Guillaume le Conquérant", ca leur ferait trop mal) a emmené le "cotel" (nom masculin, ou "cotele" en variante féminine) de Normandie en Angleterre en 1066.

Guillaume ne connaissait plus le Norois, la langue de Rolon, son ancêtre paternel, "homme du nord" venu de Scandinavie 2 siècles plus tôt. Les Normands avaient en effet adopté rapidement la variante de langue d'Oil locale, issue du Latin, celle de la reine Mathilde. 

Guillaume aurait donc parlé de ce "cotel de mailles" qu'il portait pour aller mettre une peignée au roi saxon Harold (En fait, il portait probablement plutôt une "Broigne" qu'une cotte de mailles, c'est à dire la version où les mailles de métal sont cousues à même le manteau du cavalier).


Broderie de la reine Mathilde, dite "Tapisserie de Bayeux"


Ni Guillaume ni Mathilde, probablement, ne se souvenaient que, 1200 ans plus tôt, la "cotte de maille" avait été transmise par les Gaulois, à leur corps défendant (au sens propre) à l'armée romaine, ce qui avait conféré à celle-ci la supériorité militaire nécessaire pour lui permettre de conquérir (déjà) la province de Brittania (la Grande-Bretagne, pas la nôtre), en 43 de notre ère.


Cotte de Maille. Collections nationales. Musée de Cluny

La boucle (de métal) de la redingote était bouclée.


La bêtise humaine est réconfortante

C'est réconfortant de voir la spontanéité de certains. Je reçois ainsi ce mail, qui requiert de moi, séance tenante, mon numéro de Carte Bleue :







En 2019, et pour les années à venir, la bêtise humaine reste une valeur sûre.







jeudi 3 janvier 2019

Le carré Sator

Il existe un palindrome célèbre en latin que l'on appelle le "Carré Sator", et qui se présente comme un carré de 5 mots, que l'on peut lire dans tous les sens (y compris en boustrophédon pour faire chic) :


S A T O R
A R E P O
T E N E T
O P E R A
R O T A S

On en connait pas mal d'exemplaires en épigraphie ; on en a une instance par exemple à Grenoble (Rue Jean-Jacques Rousseau), sur une porte de maison très ancienne, remontant probablement à la Renaissance : 


En fait la phrase n'est pas vraiment traduisible, car le mot AREPO n'est pas attesté en latin, il aurait a priori le sens de "soc" ou "charrue" en langue celte, ou bien désignerait un prénom, Arepo (prénom lui aussi celte, en raison de sa terminaison en "o").

Les traductions tournent autour de :
SATOR = le semeur,
AREPO = la charrue ou "Arepo le Semeur"
TENET = Il tient,
OPERA = l'oeuvre, le travail
ROTAS = en cycles, en répétition.

Mais aucune traduction n'est convaincante.



On pensait que ce palindrome avait été créé par un Clerc au Moyen-Age, on y a donc toujours cherché des significations paléo-chrétiennes.
Il y a longtemps déjà que la forme en croix des 2 "TENET", l'un horizontal, l'autre vertical, avait intrigué.

On avait aussi noté que les lettres du palindrome constituaient, en les réorganisant le mot "Pater Noster", avec des A-Alpha et des O-Omega surnuméraires :
  



Mais il y a quelques années, un graffiti de ce même texte a été découvert à Pompéi, sur un fût de colonne renversée par l'éruption, ce qui recule nécessairement la datation, antérieure à 79, à l'époque de l'empire romain :



Et cela élimine de facto toute signification chrétienne au palindrome, la présence chrétienne à Pompéi en 79 étant non attestée, en tous cas non confirmée.

On ne sait donc pas ce qu'un jeune a voulu dire, il y a 2000 ans, à propos du Semeur Arepo, en gravant "rotas opera tenet arepo sator" sur une colonne, de la pointe de son stylet.