Ki de vice se volt defendre

La poétesse Marie de France, à la fin du XIIème siècle, nous a donné ces très beaux vers :

Manuscrit de la British Library, Ms Harley 978, Folio 118r

On peut transcrire ainsi ces cinq vers vieux de 1000 ans, tellement humains que la traduction en est presque inutile :

Ki de vice se volt defendre,                           Celui qui veut se protéger du vice 
Estudier deit e entendre,                               Doit étudier et se comprendre,
E greuos ouere commencier,                        Puis se lancer dans une oeuvre grave,
Par se puet plus esloignier,                           Seul moyen pour le tenir loin de soi,
E de grant dolur deliverer.                             Et se délivrer du grand tourment.

C'est comme ça

 

• Dans l'ehpad où vit actuellement ma mère, au sein d'un espace protégé, une dame répète : "C'est comme ça là !". 
• Elle vocifère cette assertion, la répète à l'envi et en toutes occasions. Pour tout dire, elle ne sait dire que cela.
• Elle vitupère encore et encore "C'est comme ça là !", qu'elle soit en train de marcher, attablée avec les autres, ou simplement assise dans un fauteuil.
• De façon plus inquiétante, elle l'utilise aussi pour entrer en communication avec qui passe par là : dans un regard plein de mise à l'épreuve : "C'est comme ça, là !".
• Comme le bilan d'un passé lourd de frustrations, ou une menace sourde de quelque chose qui arriverait, elle scande à l'infini et assène à soi et aux autres :"C'est comme ça là !".
• Elle tourne et retourne cette phrase sur tous les tons, comme une équation impossible à résoudre, une intégrale impossible à normer : "C'est comme ça là !".
• C'est peut-être un point de conclusion à sa vie, maintenant confinée à un espace clos et sans grande perspective. 
• Ou peut-être tout simplement la sagesse même, à l'état pur, celle de l'enfant qu'elle est devenue, mais qui aurait déjà vécu plusieurs vies ?
• "C'est comme ça ! en tout cas". On a intérêt de l'admettre !