samedi 7 novembre 2015

La fin d'une époque

Le Président Obama a pris la décision hier 6 Novembre, à 18h00, d'interdire la construction du pipeline KeyStone.

Ce Pipeline devait relier les schistes bitumineux de l'Alberta canadien avec les grands centres de consommation américains (Chicago, les Grands Lacs et le Midwest).

Cette décision marque vraiment un tournant dans les rapports de force entre les producteurs d'énergie fossile et les opinions publiques.

Si les motivations des compagnies pétrolières sont claires et simples ("Si le prix de revient du baril livré est inférieur d'un cent au prix de vente, il faut extraire ce baril marginal"), les opinions publiques sont a contrario déchirées entre des enjeux contradictoires :

  • Toucher la paie des jobs générés par la construction de ce pipeline,
  • pouvoir disposer d'une énergie abondante et bon marché,
  • accessoirement toucher les dividendes de son actionnariat dans le pétrole.
  • ... et préserver une Terre respirable


En première approche, ce pipeline faisait donc sens, pour éviter que le pétrole à transporter ne le soit dans des camions ou des trains. On peut même dire que le bilan écologique marginal de cette infrastructure aurait été positif, à ce titre.

Mais en regardant plus loin, ce pipeline aurait surtout rendu économiquement rentables (et donc désirables) des forages et des extractions additionnels de schiste bitumineux, or ce schiste bitumineux est une véritable catastrophe écologique.

Et c'est là que nous avons véritablement passé un cap de maturité.
L'âge de pierre ne s'est pas arrêté faute de pierres ; il faut que l'âge des énergies fossiles s'arrête, non pas faute d'énergies fossiles à extraire, mais faute de droit à extraire et à brûler ce qui reste.

Et l'impact de cette décision, dans les mois à venir, pourrait être terrible sur les compagnies pétrolières, en tous cas pour celles se spécialisant dans les produits fossiles exotiques : En effet leur valorisation boursière est essentiellement fondée sur la quantité de leurs réserves prouvées et probables.

Or si demain les opinions publiques interdisent purement et simplement d'extraire ces réserves du sous-sol, ce sont des centaines de milliards de dollars de valorisation boursière brutalement effacées d'un trait de plume juridique.


J'allais dire "qui partent en fumée". 
Ben non justement ...