lundi 27 avril 2009

Palmitine

J’ai été très surpris de trouver l’autre jour dans les rayons de notre magasin bio le plus proche, une grande variété de conditionnement d’huiles de palme, d’origine bio certifiée. À cause de son très faible coût, cette huile remplace de plus en plus souvent l’arachide et autre huile de tournesol dans de nombreux biscuits secs, céréales, margarine, crème glacée, barres de chocolat et pâtes à tartiner.

Or cette huile est nuisible à plus d’un titre. D’abord, sa molécule, le triester du glycérol et de l’acide palmitique C15H31COOH ne comporte pas de double liaison C=C, ce qui en fait un corps gras saturé de plus dans l’alimentation, et n’est pas bon pour la santé, même vendu et fabriqué selon une filière bio.

De plus, suite à la politique verte européenne des années 2000, et au choix des biocarburants pour remplacer les combustibles fossiles, les plantations de palmiers à huile se sont multipliés dans le monde, en empiétant sur les cultures vivrières ou en rognant la forêt tropicale en Asie du Sud-Est. Une monoculture imbécile à la place des milieux les plus riches en biodiversité de la planète. On se prive ainsi des médicaments de demain (pour rester sous le point de vue le plus utilitaire et anthropo-centrique). Je ne parle donc pas de la disparition des tigres et de l’extinction des orangs-outans. Je sais que cela ne compte pas. Cela ne compte plus*. Le plus stupide dans tout cela est que le point de départ est de chercher à économiser des combustibles fossiles, de préserver la planète. Or les feux de la forêt indonésienne sont l’une des plus importantes causes actuelles de rejet de CO2 : l’Indonésie est devenu le troisième producteur de CO2 de la planète.

Ensuite, les paysans locaux sont le plus souvent spoliés de leurs terres avec mépris, indigènes ravalés au rang de sauvages déguenillés, ratés de l’évolution, sacrifiés au sacro-saint progrès agricole. On devrait pourtant se rendre compte que le progrès ne s’accorde pas très bien avec l'agriculture. On sait maintenant l’impasse où mène la filière maïs soja des sociétés occidentales, importée des USA dans les années 1960, en pleine ère du pétrole bon marché et imposée par l’INRA bien avant l’avènement des OGM : des sols appauvris et une solution incompatible avec des carburants chers, incapable de nourrir durablement ses acteurs. En Asie du Sud-Est, les autochtones ne trouvent plus d’huile pour cuire leurs aliments. Trop chère pour eux, elle est entièrement dédiée aux riches occidentaux que nous sommes encore.

*J’ai passé de longues heures à essayer d’argumenter sur des forums climato- sceptiques. L’ours polaire qui se noie sur sa banquise n’a pas droit au chapitre lui non plus. Jouer la corde sensible affaiblit le discours.

L'avis de GreenPeace
L'avis du WWF

1 commentaire:

  1. Comment va-t-on faire pour que les industriels, qui ne font que produire le meilleur ou le pire du moment que les consommateurs le demandent, cessent ces pratiques destructives ?
    Sachant que :
    1- il est difficile de changer le comportement des consommateurs mondiaux ?
    2- la loi (juridique) est impuissante face à la loi de l'offre et de le demande ?
    3- la destruction de la forêt indonésienne bénéficie (dans le court terme) aux Indonésiens, qui en tirent du travail et de l'argent ?

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