C'est l'un des derniers dessins de Charb, prémonitoire. Il est mort ce matin, victime de la barbarie qu'il voulait dénoncer...
Aujourd'hui la barbarie a atteint une nouvelle fois la France en plein cœur. Un attentat, un acte de barbarie inqualifiable s'est perpétré dans la capitale visant une des valeurs essentielles de la démocratie, la liberté de la presse. Cela horrifie, fait peur indéniablement, mais ce qui me fait le plus peur, c'est aussi le risque d'amalgame qui peut en surgir comme chaque fois que le terrorisme quel qu’il soit décide de frapper. La colère est légitime mais ne nous trompons pas de cible. Ce sont des barbares mais ne nous leurrons pas, n'oublions pas que cette « guerre de religion » n'est le fait que d'une poignée de fanatiques et ne reflète pas le sentiment de tout un peuple ou d'une religion …. Nous sommes impuissants devant ces actes mais ne nous laissons pas aller aux débordements qui seraient aussi inacceptables que les faits eux-même....le respect de l'autre, la tolérance, la liberté sont des valeurs non négociables et nous ne devons pas nous laisser aller et nous trahir nous même par des émotions du moment....
J'ai la peur de possibles représailles avec des victimes musulmanes innocentes et j'espère me tromper bien que doutant de l'intelligence innée et me demande combien de « moutons » vont de nouveau faire amalgame entre islam et terrorisme... mais je voudrais rendre hommage à ces martyrs de la liberté tombés aujourd'hui et qui eux même avaient peint le prophète inconsolable et disant qu'il était dur d'être aimé par des cons ...France, mon si doux pays. De Nord au Sud et d'Est en Ouest, tu nous fait découvrir tes beaux paysages qui nous enchantent, source cachée au milieu d'une clairière, torrent impétueux qui dévale les collines...Ma belle terre de France, terre de liberté, terre d'asile, ne change pas... Fais nous découvrir la diversité et la richesse de tes habitants. Tous ces êtres d'exception dont tes coffres débordent, et qui partagent avec nous leur différence, tous ces êtres brimés par tant de siècles de préjugés et de jugements répressifs. Saint-Exupéry disait : «Frère, loin de me léser, ta différence m'enrichit »Nous qui nous targuons d'être des gens civilisés, combien de méfaits et d'exactions avons nous pu commettre... Les chambres ardentes, les conversions forcées, les pogroms...tout ce que nous reprochons à l'intégrisme des autres « religions » nous l'avons perpétré au nom de quoi ? Au nom de qui ? Propagandés par de mauvais bergers, toutes religions confondues, qui ont oublié leur mission d'amour et ont regardé avec les yeux du chacun pour soi. Jouant sur la peur et l'ignorance, ils ont enfermé dans leurs jugements préconçus abjects tout ce creuset de gens admirables en criant « aux sectes », banquiers vénitiens, juifs, templiers, francs maçons, chevaliers cathares, à l'époque dans le but inavoué d'augmenter le trésor royal.Mais à présent que les temps ont changé, que les guerres se terminent, qu'en est-il vraiment ? Cette intolérance est restée latente, n'attendant que l'étoupe et l'étincelle. La lutte n'est pas terminée, nous nous devons de rester vigilants. Luther King, Sadate, et tant d'autres, autant de poètes martyrs à la gloire du respect de l'autre.Nous devons apprendre à dépasser nos peurs... à élever notre esprit, regarder avec les yeux du partage, accompagner les autres dans leurs efforts plutôt que de chercher à piétiner, surtout garder en soi l'humilité. La colère, la rancœur sont en nous, messagers de nos blocages et réticences, mais nous devons nous plonger dans leur clarté effrayante pour parvenir à les dépasser au lieu de nous effondrer . Apprendre à apprivoiser ces pensées négatives, découvrir leur capacité et les relier à nous avec la sagesse de notre nature innée. La base de notre existence est source de bonté, est beauté et nous pouvons nous ouvrir par la douceur et la compassion et voir notre Moi authentique d'être humain.Soyons cette plante fantastique atteignant sa floraison, vivante, sensuelle, pleine de possibilité, semons l'abondance de graines qui est en nous, laissons le vent les disperser et prendre racine où elles veulent en célébration de la vie, invitons les oiseaux à boire notre nectar, faisons partager notre joie à tous. Si une seule de ces petites fleurs sauvages, rencontrant le défi de la roche sur son chemin, et émergeant à la lumière du jour, se montrant sans honte l'égale du plus brillant soleil arrive à germer, alors notre mission n'aura pas été vaine.Anges déchus, nous sommes appelés à renaître et à façonner de nouveau le Monde. Ces petites fleurs sont nous-mêmes, devenons celles que nous sommes destinés à être.Mon doux pays, je suis fille émergeant de terre de France et fabuleusement, fantastiquement fière de l'être...
Blandine
Merci Blandine, soldate inconnue, rencontrée au hasard de jeux en ligne... Je publie ton texte car il est beau. Pour ma part, je dois demain faire respecter à mes élèves une minute de silence à midi. Cela me rappelle une autre minute de silence. Celle observée en 1975 (j'étais en 6ème en espagnol) pour ces jeunes fusillés par un Franco presque agonisant, jaloux de la prunelle de leurs yeux selon le chanteur Luis Llach... Il y a 40 ans exactement ! Autre époque, terrorisme d'état. Je ne sais pas ce que je vais leur dire. Rien sans doute. Ou peut-être plagier un proverbe occitan "tot ço que fenitz en aire val pas gaire" : que l'on pourrait traduire par "tout ce qui finit en isme" ne vaut rien.