Dans le cœur historique de la cité épiscopale, quand on va de la Préfecture et que l'on revient sur la place du Vigan, on peut s'engager sur main droite dans un passage qui mène en deux pas dans un recoin d'où partent deux étroites venelles qui semblent sorties tout droit du Moyen-Age, ou d'un 19e siècle des plus sombres, sorte de coupe-gorge sordide où les fantômes du passé s'ils existent doivent se donner à coup sûr rendez-vous. La venelle qui nous convoque aujourd'hui est la rue des Grenadiers, elle se trouve donc juste derrière la brasserie du Pontié. C'est dans une piaule d'un immeuble vétuste de cette rue que deux jeunes femmes toxicomanes, étaient retenues prisonnières, du mois de juin au mois d'octobre 2023 par un réseau de proxénètes, constitué et dirigé par Enzo S., alias "Krimo", jeune délinquant de 22 ans, qui se décrit, selon ses proches, comme le "Pablo Escobar d'Albi". Ce jeune jouait de son emprise sur eux et leur promettait rémunération. Le premier prévenu, invité à surveiller les filles, a indiqué incidemment n'avoir jamais reçu la moindre somme et s'être finalement retrouvé tout nu dans la rue un beau jour où il a ainsi décidé de porter plainte lui aussi... Les jeunes femmes, qui étaient autant prisonnières du gang que de leurs besoins en cocaïne, se prostituaient dans des conditions sordides, troquant leur corps contre quelques grammes de poudre. L'une des victimes, surnommée Wendy, a témoigné aujourd'hui à la barre. Elle était contrainte d'enchaîner les passes, jusqu'à 20 clients par jour. Elle était surveillée du matin au soir, réveillée à coup de verres d'eau le matin pour continuer son activité et réduite à quémander ses doses de cocaïne pour tenir le coup. Krimo et les sept autres prévenus étaient donc appelés à comparaître devant le tribunal correctionnel d'Albi* à partir de ce matin 13 novembre 2025 et jusqu'à demain après-midi.
J'étais au tribunal d'Albi, pour l'audience de l'après-midi, accompagnant nos élèves de terminale conviés à s'informer sur le fonctionnement de la justice par mon collègue professeur de philosophie.
Dès avant le début de l'audience, au moment où les avocats de la défense et des parties civiles revêtent leurs habits, entrent cinq inculpés parmi les 8 prévenus dans le box des accusés, solide enceinte transparente construite avec des panneaux de verre de 25 mm d'épaisseur. Krimo est le seul à soutenir le regard de chaque membre de l'assistance. Regard noir et abyssal, front et contour des yeux tatoués de fins losanges. Il arbore une longue queue de cheval qui part à l'arrière d'un crane par ailleurs rasé à blanc, jusqu'au dessus des oreilles. Chaque inculpé est conduit par un policier assermenté et lourdement protégé. Tous semblent si jeunes et pourtant ils sont là, bel et bien inculpés pour proxénétisme aggravé en bande organisée, traite d'êtres humains, trafic de stupéfiants, pour leur procès en correctionnelle. Derrière ces chefs d'accusation, une histoire de domination et de dépendance, où la peur se conjugue avec la violence, la contrainte sous la menace des uns utilisant la faiblesse des autres. Les uns étaient chargés de recruter les clients, d'autres de les faire payer, la plupart se relayaient pour surveiller les filles et répondre à leurs besoins. Tous étaient contraints de dormir peu tant que le "chiffre de la journée" n'était pas réalisé". Vies brisées dont il faudra bien arriver à sortir comme le souhaitait l'un des appelés, qui était appelé à s'exprimer et à répondre de sa violence verbale envers les filles : tous autant qu'ils étaient s'étant retrouvés là, d'après lui, par un enchaînement de nécessités et de renoncements. Tous ayant pour dénominateur commun l'addiction au cannabis et à la nécessité de se trouver un appartement et quelques vivres.
*Le jeune Krimo connait bien ce tribunal pour avoir déjà dû répondre, le 18 juin 2024 de l'ordre qu'il avait donné à deux mineurs d’incendier la porte de la préfecture du Tarn et celle du palais de justice en juillet 2023, dans le contexte des émeutes urbaines liées à la mort du jeune Nahel. Ces faits remontent à la nuit du 1er au 2 juillet 2023.
J'étais au tribunal d'Albi, pour l'audience de l'après-midi, accompagnant nos élèves de terminale conviés à s'informer sur le fonctionnement de la justice par mon collègue professeur de philosophie.
Dès avant le début de l'audience, au moment où les avocats de la défense et des parties civiles revêtent leurs habits, entrent cinq inculpés parmi les 8 prévenus dans le box des accusés, solide enceinte transparente construite avec des panneaux de verre de 25 mm d'épaisseur. Krimo est le seul à soutenir le regard de chaque membre de l'assistance. Regard noir et abyssal, front et contour des yeux tatoués de fins losanges. Il arbore une longue queue de cheval qui part à l'arrière d'un crane par ailleurs rasé à blanc, jusqu'au dessus des oreilles. Chaque inculpé est conduit par un policier assermenté et lourdement protégé. Tous semblent si jeunes et pourtant ils sont là, bel et bien inculpés pour proxénétisme aggravé en bande organisée, traite d'êtres humains, trafic de stupéfiants, pour leur procès en correctionnelle. Derrière ces chefs d'accusation, une histoire de domination et de dépendance, où la peur se conjugue avec la violence, la contrainte sous la menace des uns utilisant la faiblesse des autres. Les uns étaient chargés de recruter les clients, d'autres de les faire payer, la plupart se relayaient pour surveiller les filles et répondre à leurs besoins. Tous étaient contraints de dormir peu tant que le "chiffre de la journée" n'était pas réalisé". Vies brisées dont il faudra bien arriver à sortir comme le souhaitait l'un des appelés, qui était appelé à s'exprimer et à répondre de sa violence verbale envers les filles : tous autant qu'ils étaient s'étant retrouvés là, d'après lui, par un enchaînement de nécessités et de renoncements. Tous ayant pour dénominateur commun l'addiction au cannabis et à la nécessité de se trouver un appartement et quelques vivres.
*Le jeune Krimo connait bien ce tribunal pour avoir déjà dû répondre, le 18 juin 2024 de l'ordre qu'il avait donné à deux mineurs d’incendier la porte de la préfecture du Tarn et celle du palais de justice en juillet 2023, dans le contexte des émeutes urbaines liées à la mort du jeune Nahel. Ces faits remontent à la nuit du 1er au 2 juillet 2023.
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