dimanche 16 novembre 2025

IA et emploi

Un bon article sur les antagonismes IA et Emploi dans une revue improbable.


J'ai mis la phrase clé de cet article en gras. Elle est une véritable reformulation pour notre époque de la phrase de saint Paul aux Thessaloniciens : "
Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus." 

« L’IA remplacera les humains » : un fondateur de l’IA dit adieu au travail… et interroge l’avenir du capitalisme

Et si l’intelligence artificielle n’était pas simplement un outil, mais une stratégie d’élimination du travail humain ? Cette question, longtemps reléguée aux marges du débat technologique, s’impose désormais au cœur des réflexions économiques. L’un de ses pionniers, Geoffrey Hinton, le dit sans détour : l’IA est conçue pour vous remplacer. Pas juste vous aider, vous assister, vous seconder.

Les chiffres donnent le vertige. En 2025, Microsoft, Meta, Alphabet et Amazon ont investi 420 milliards de dollars dans l’IA, en hausse de 60 milliards en un an. OpenAI, de son côté, engage un trillion de dollars dans des partenariats avec Nvidia, Oracle et Broadcom. Pourtant, aucune de ces entreprises ne dégage de bénéfices dans le secteur. OpenAI aurait perdu 11,5 milliards en trois mois.

Alors pourquoi continuer ? Parce que le pari n’est pas immédiat. Il est systémique. Le modèle repose sur l’idée que, à terme, les IA génératives remplaceront l’intégralité des maillons humains non essentiels. Pas d’embauches, pas de salaires, pas de syndicats, pas de fatigue. Juste des algorithmes et des serveurs.

Cette logique rappelle les vieux rêves de l’automatisation intégrale. Mais ici, ce ne sont plus les ouvriers ou les caissiers : ce sont les juristes, les journalistes, les artistes, les ingénieurs qui se retrouvent sur la sellette. Geoffrey Hinton le dit lui-même : c’est là que se trouve l’argent.

L’histoire du capitalisme est celle d’une relation ambiguë au travail : il est à la fois moteur de production et coût à optimiser. Chaque révolution technologique l’a repoussé un peu plus loin – de la machine à vapeur à l’automatisation industrielle. Mais l’IA marque un tournant : le travail humain n’est plus adapté à l’échelle de rentabilité visée.

Le chercheur Jathan Sadowski l’explique dans son ouvrage The Mechanic and the Luddite : l’IA devient la solution ultime à l’instabilité du capitalisme, en uniformisant les compétences, en compressant les coûts et en supprimant les aléas humains. L’humain n’est plus un atout, mais un obstacle à l’optimisation.

Le marché suit. Depuis le lancement de ChatGPT, les offres d’emploi ont chuté de 30 %, selon une étude relayée par Fortune. Amazon, bien qu’évasif, admet dans un mémo interne que l’automatisation permettra de réduire les effectifs corporate. Le mouvement touche toutes les strates : service client, RH, juridique, production de contenus…

Une transformation qui dépasse l’emploi : le risque d’une implosion du contrat social capitaliste

L’impact de l’IA ne se limite pas à l’économie du travail. Il interroge la place même du travail dans nos sociétés. Car si les machines produisent, qui consomme ? Si les humains ne travaillent plus, sur quoi repose la distribution de la valeur ?

Nous entrons dans une ère où l’économie ne dépend plus de la contribution humaine directe. Ce n’est plus une utopie futuriste, c’est une réalité en construction. Mais sans redistribution équitable, c’est le contrat social qui s’effondre. Et avec lui, la légitimité du capitalisme tel que nous le connaissons.

Les débats sur le revenu universel, la fiscalité des IA, ou encore la souveraineté numérique deviennent donc centraux. La technologie avance – reste à savoir pour qui, et à quel prix.


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