Souvent je pense que le tocsin va retentir, et qu'il faudra se réfugier sous le couvert le plus proche, le magasin, l'église, la station de métro, en attente d'informations de la Sécurité Civile, sur la nature du danger qui guette notre société.
C'est idiot, mais c'est sans doute un effet secondaire de ma culpabilité à profiter, un peu, de ce Paris merveilleux au printemps.
Aussi, et comme on ne peut préjuger combien de temps durera cette période de confinement forcé, je m'efforce d'être le plus souvent possible, au plus près de ces lieux que j'aime, et dans lesquels je rêve me faire enfermer pour 3 jours et 3 nuits, le temps que le danger s'éloigne : les bibliothèques et librairies du quartier latin.
J'en arrive à souhaiter que les sirènes sonnent quand je suis à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, plongé dans "La naissance de la Noblesse" de Karl Ferdinand Werner (édité par Fayard en 1998).
Ou que l'attaque survienne quand je suis chez Gibert au Pont Saint-Michel, au 4è étage, scotché devant le mur des Pleaides. Je viens d'y passer une heure encore à dévorer "les trésors de la Mer Rouge" de Gary.
Personne ne pourrait alors me virer sous prétexte de l'heure de fermeture, et on n'aurait rien de mieux à faire que de lire, jour et nuit, lire tous ces livres, forcé et contraint.
Au contraire, je presse le pas quand je me rends dans un de ces havres de culture, de peur que le tocsin ne sonne quand je suis encore en chemin, devant Gap ou Zara, sur le boulevard.
Il en faudrait mourir, comme aurait dit Mlle de Scudery, si je devais passer 3 jours et 3 nuits au milieu des fanfreluches et des acheteuses de franfreluches.
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